SET – La sobriété, une écologie en acte

“Face au « toujours plus » qui ruine la planète au profit d’une minorité, la sobriété est un choix conscient inspiré par la raison. Elle est un art et une éthique de vie, source de satisfaction et de bien-être profond. Elle représente un positionnement politique et un acte de résistance en faveur de la terre, du partage et de l’équité.”P. Rabhi, 2010“La sobriété est fondamentale à court terme pour ouvrir le champ des possibles.”Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), 2018

La sobriété, qu’est-ce que c’est, pourquoi ?

Energies, matières premières, ressources en eau, biodiversité…

Dans le contexte de crise sociétale et environnementale que nous connaissons aujourd’hui, généré à la fois par une surabondance de biens et par une répartition profondément inégale de ces biens, la sobriété est devenue un objectif incontournable de l’action collective et des comportements individuels. Elle doit désormais s’imposer, à l’égal des trois valeurs figurant au fronton de la République, comme une valeur répondant à l’intérêt général, à un devoir moral et à un engagement citoyen.

D’une valeur plutôt militante et marginale, elle s’est imposée, peu à peu, dans les discours officiels et les textes de loi, mais elle garde, pour beaucoup, une connotation négative, synonyme de restriction, d’austérité, de décroissance… et elle est souvent confondue, voire mise en concurrence avec les notions d’« efficacité », de « performance », alors que celles-ci renvoient à des capacités techniques de faire plus ou autant avec moins, et non à un comportement ou à des actions humaines permettant de faire mieux avec moins.

De Diogène le Cynique ou des stoïciens jusqu’à Pierre Rabhi, en passant par Saint François d’Assise et Henry David Thoreau, la sobriété, dans ses multiples avatars, a une longue histoire et correspond à une aspiration ancienne, qui a toujours plus ou moins associé les trois dimensions d’une vision critique du monde, d’une forme de spiritualité intérieure et d’une quête de justice sociale.

Autrement dit, loin d’être un vecteur d’appauvrissement, la sobriété se doit d’être source de valeur et de partage. Et loin de se traduire par un repli sur soi et un retrait du monde, elle ne peut trouver sa juste expression que dans l’action, tant individuelle que collective.

Elle n’est pas non plus réductible à un domaine ou à une finalité en particulier (l’énergie par exemple), mais doit se décliner dans tous les domaines où s’expriment des besoins et l’utilisation de ressources : la sobriété écologique est par essence globale et systémique.

Enfin, si l’objectif de sobriété ne pourra pas être atteint sans régulation et sans gouvernance suffisamment forte, il ne sera pas non plus pleinement réalisable sans conviction ni désir : une sobriété choisie et citoyenne est à privilégier sur une sobriété subie et sous contraintes, dont la précarité représente la forme la plus aboutie et, malheureusement, encore majoritaire de par le monde. Ce travail de convaincre et de rendre désirable, à inscrire nécessairement dans la durée, n’occulte en rien l’urgence d’agir, à tous les niveaux de responsabilité et à commencer par ceux qui détiennent les leviers les plus décisifs pour créer les conditions d’une nouvelle donne.

Concrètement, quels objectifs, quelles actions ?

Le graphique reproduit ci-dessous illustre l’effort de réduction de son empreinte carbone à réaliser par chaque Français pour contribuer à atteindre l’objectif de neutralité carbone à 2050 fixé par les Accords de Paris issus de la COP 21 et retranscrit dans notre législation. Cet effort, qui consiste à passer de 10,8 à 2 tonnes de CO2 par an et par individu, nécessite selon le scénario proposé d’actionner trois leviers : un changement radical dans les gestes individuels (-25%), un changement dans les décisions d’investissement des ménages (-20%), un changement systémique de la part de l’État et des entreprises (-35%).

Ce scénario n’est qu’un exemple parmi une multiplicité d’autres proposés par des acteurs très différents mais qui, tous, reposent sur des constats et des principes assez convergents, notamment d’une approche systémique à privilégier (pas de réduction de l’empreinte carbone sans réduction de l’empreinte écologique au sens large), d’une complémentarité inévitable des engagements (individuels et collectifs) et des leviers (plus de sobriété, plus d’efficacité, contraintes et incitations…).

La démarche de l’association Négawatt, créée en 2001 et doublée depuis par un institut et une entreprise de l’économie sociale et solidaire dans le domaine de la rénovation énergétique des bâtiments, s’inscrit pleinement dans ces principes. Elle nous a été présentée par l’un de ses représentants, Stéphane Signoret, lors de la soirée-débat du 8 février dernier. Voici le diaporama complet.

Et ce n’est là qu’un début : en complément des actions déjà entreprises en faveur de plus de sobriété dans nos différents ateliers, d’autres sont peut-être encore à envisager, pour mieux diffuser les savoir-faire, les savoir-être en la matière, et le réflexe, les bonnes pratiques d’auto-évaluation ?… … Á suivre !

Noël Jouteur 12 Février 2022

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